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Interview
Metal Mania N°2, in french (October 1997)
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et pour encore renforcer ces émotions, on peut faire correspondre les sentiments avec de la musique. Pour moi, c'est ça le Doom: les paroles sont le pilier de tout! C'est d'ailleurs l'un des problèmes qu'on a eu avec un ancien bassiste, pour qui seule la musique importait.
Jean-François: Tout a de l'importance, je suppose.
B.Iron: Oui, tout a de l'importance. Bien sûr, les gens écoutent plus la musique, mais dans notre état d'esprit, c'est plutôt pour les paroles qu'on a fait le groupe, pour faire passer les idées. Une de mes idées, c'est que j'aimerais bien amener les gens à se rendre compte qu'ils ne sont pas immortels. Une autre idée développée, qui me tient particulièrement à cœur, c'est que la vie, pour les gens (à cause de leur éducation), c'est avoir des gosses, du travail, faire des études, … Alors que pour moi, la vie c'est respirer, manger, boire, dormir et chier! Le reste, tout le reste n'est qu'un choix de l'individu. C'est comme ça que la vie devrait être: un choix personnel. Malheureusement c'est impossible, puisque tout est basé sur le fric: tu vis pour la société et tu as le confort, ou tu vis en dehors et tu as la liberté. C'est le seul choix qu'il nous reste et il n'y a pas de compromis.
Benja.: J'ai pas de vision (Rire).
Gloom: En fait, ce que j'aimerais bien, c'est vivre en dehors de la société, parce qu'elle ne me plaît pas du tout, mais c'est presque impossible. Je suis quand même obligé d'avoir des attaches. Et ce que j'aimerais bien à travers ma musique, à travers mes paroles, c'est de montrer aux gens que le Tout * il est beau, tout le monde il est gentil n'est qu'une illusion, il y a la guerre, la famine, même ici à Liège, il y a des mendiants, …
B.Iron: On a une instrumentale qui parle de ça, elle est en deux parties: Dream Your Mirage et Live Your Reality (la première partie est plutôt douce). L'explication qu'on a donnée est: Quelques financiers ont sûrement des intérêts à te faire croire que ce monde est presque parfait, parce que seuls eux ont assez d'argent et d'influence pour changer tout. Mais ils ne veulent pas que ça change: la guerre, le racisme, les religions, la violence, la prostitution, la drogue, la pauvreté toute cette merde ne veut dire qu'une chose à leurs yeux: plus de fric et de pouvoir. Crois en ce qu'ils disent et suis-les en rêvant ton mirage ou trouve un autre chemin et vis ta réalité, ça explique bien le concept.
Jean-François: La mort, la fatalité, les excès de notre société reviennent souvent dans vos textes. Vous basez-vous aussi sur des élémements de votre vie de tous les jours pour écrire vos textes?
Gloom: Si tu entends par la vie de tous les jours: le quotidien, non, sauf dans le cas de généralités, mais mes textes viennent plutôt d'évènements qui me sont arrivés dans ma vie, qui ne sont pas très joyeux, le côté sombre vient de là.
Jean-François: Homo Sapiens Sapiens Die signifie-t-il qu'il n'y a plus d'espoir pour l'humanité?
Gloom: Oui, je ne crois pas que l'humanité va durer encore longtemps, quelques siècles, pas plus.
B.Iron (continuant sur son précédent développement): Il y a aussi que l'on trompe les gens. Rien qu'en regardant le journal, on peut déjà s'en rendre compte: on va surtout insister sur ce qui se passe ailleurs en disant que c'est pire: "regardez, c'est affreux ce qui se passe là-bas, hè, vous êtes bien chez vous quand même, hein!" et aussi on ne s'attache pas assez aux vrais problèmes (on ne montre que le plus spectaculaire).
Gloom: If the truth hurts prepare for pain
(Anathema, sur Eternity).
Jean-François: Vos opinions (pour les paroles) se rejoignent-elles, ou diffèrent-elles totalement?
Gloom: En ce qui concerne B.Iron et moi, elles se croisent. Il y a évidemment des divergences sur des détails.
Jean-François: Back From The Front traite du non-sens de la guerre. Y a-t-il une idéologie qui vous ferait prendre les armes?
B.Iron: Par ce moyen là, jamais! Ce n'est pas le soldat qui veut faire la guerre et qui a intérêt à la gagner!
Gloom: Heureusement pour nous que le service militaire a été supprimé, sinon, j'aurais été objecteur de conscience.
B.Iron: Ou se faire réformer, tricher …, j'ai entendu parler de pleins de trucs, j'aurai tout essayé!
Jean-François: Pour en revenir au sujet de la démo, y en a-t-il une de prévue?
B.Iron: Théoriquement, on devrait être en train de la terminer. Ça n'a pas été possible parce que Aran (avec qui on devait la faire) nous a fait faux bond. Il ne sait pas aller au fond des choses, il tient à tout prix à sa liberté et il irait jusqu'à mentir, faire faux bond à ses amis pour garder sa liberté, il ne sait pas s'engager et ne devrait pas le faire.
Gloom: Attention, on n'a rien contre sa musique ni contre ce qu'il fait, d'ailleurs j'aime bien sa musique (sinon, je n'aurais pas fait partie de son groupe). Même si ça nous fait râler, on ne lui en veut pas tant que ça, il est comme ça, on le sait bien. D'une certaine manière on pourrait plus se le reprocher à nous-mêmes, parce qu'on lui a fait confiance.
B.Iron: Ça n'engage que toi (Gloom). Sinon, on va essayer d'acheter le matos, donc, la démo, ce n'est pas avant un certain temps.
Jean-François: A quand le prochain concert?
Gloom: Le premier octobre, au Couvent (169, rue St Gilles). (Celui du Carlo Levi étant reporté à Juillet 1998).
Jean-François: Pas d'autres dates?
B.Iron: Non, car on n'est que trois et je trouve qu'il y a une fameuse différence entre Black Swords avec deux et avec une seule guitare. On perd beaucoup de chose; Gloom est obligé de prendre la basse pour les concerts, c'est partir avec un défaut.
Gloom: L'appel est lancé. On cherche un(e) bassiste ou un(e) guitariste, un(e) claviériste, des choristes (au féminin) et un(e) violonist(e).
Benja.: Quelques roadies, un mécène pour le matos… (Rire).
Jean-François: Si ça ne vous gêne pas, reparlons d'Aran: vous avez collaboré avec lui, comment?
B.Iron: Non, ça ne nous dérange pas. En fait, c'est quand même lui qui a appris à Gloom à jouer du Heavy.
Gloom: Oui, et B.Iron a appris à jouer quand on a commencé dans son groupe.
B.Iron: On est reconnaissant de ça, c'est quand même lui qui nous a fait découvrir beaucoup de groupes qui, au fur et à mesure, nous ont amenés au Doom Metal.
Gloom: Je suis quand même content de l'avoir rencontré (car c'était un pur hasard); je me dis que si je ne l'avais pas connu, je serai peut-être totalement différent. Il m'a beaucoup influencé aussi bien au niveau de la musique qu'au niveau de ma personnalité et de ma philosophie.
*: this is an unvolontary truncation of the title of the film: Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil from Jean Yanne (Jean Roger Gouyé). Indeed, in the oral interview, the quotation was even worst…